top of page

Et les palmiers ?

Au détour d'une discussion sur Venise, un soir en préparant le repas, Véro me parle de Gabrielle Wittkop et de son merveilleux roman Sérénissime Assassinat - dont je ne peux à présent encore rien dire car il demeure sur la pile des à lire. Je m'enquiert néanmoins de cette écrivaine "surtout lesbienne" qui m'intrigue alors.


Le soir même, nous nous faisions la lecture d'un de ses romans retrouvé dans la bibliothèque :


Chaque jour est un arbre qui tombe


Cette phrase, dont je ne mesurais pas nécessairement toute la portée, est venue me déstabiliser et m'emplir de tristesse, une fois arrivée à la page 62.



"C'est là que ce matin des bûcherons abattent les cinq grands chênes américains, ou plutôt les mutilent, les découpent tout vifs en rondins, couvrant leur hurlement par celui de la scie électrique, par les trépidations des moteurs carossés de jaune. (...) Les branches sont dépouillées, classées selon leur calibre, les brindilles rejetées en tas vont pourrir avec leurs feuilles gelées, leurs nids veufs et secs. Il y a comme une humeur d'abattoir et, derrière la farandole que formaient les chênes, apparaît un grillage d'une industrielle mesquinerie sous un pan de ciel mat et couleur de zinc, une lumière qui humilie. Chaque jour est un arbre qui tombe. Et moi, je ne puis parcourir ce jardin où je viens chaque jour, sans y trouver à la fois les sèves, les semences promises à la destruction, et le retour des germes aux résurrections du creuset originel.

(...)

Et les palmiers ? Jamais on n'en voit frappés par l'orage. Meurent-ils sous la scie ? ... Chaque jour est un arbre qui tombe, mais chaque seconde une forêt secrète abattue."



 


Cette lecture me suit, me poursuit et en même temps, nourrit ma créativité. Elle m'a inspiré, ou plutôt s'est révélée être une évidence à partager dans ma surprise postale*. Elle a également rejoint mes inspirations de dessins liant féminité et nature.


Les mots de Gabrielle Wittkop m'ont émerveillée par leur beauté mais aussi par leur terrible vérité.

Et néanmoins, porteur d'une éblouissante vivacité poétique. Que je voulais juste, brièvement, partager avec vous...


Et si mon feu ne peut être chaleur, qu'il soit lumière incandescente, lumière, lumière enfin, qu'il soit lumière avant que je meure.


© pau·line


* Quoi ?! Tu ne sais pas encore ce que c'est ?! Clique ici

Posts récents

Voir tout

1 Comment


v.dortu
Sep 05, 2021

douceur de vivre

Like
bottom of page